La guerre a changé
C’est sur ces quelques paroles que commence l’aventure Guns of the Patriots. Solid Snake fait le point sur la guerre de 2014 et ses déviances technologiques à la portée internationale. Tout est électronique, contrôlé, manipulé dans le seul but de faire prospérer guerre sur guerre pour toujours plus de profit. La guerre a changé et le joueur se retrouve rapidement en plein sur le champ de bataille. Otacon au Codec, vieux bandana serré, Solid Snake s’engage dans une infiltration des lieux des plus dépaysantes. En effet, c’est pour le joueur le moment de découvrir une caméra tout à fait nouvelle. Terminés les plans fixes et autres vues plongeantes des précédents épisodes PlayStation 2. Nous avons ici affaire à une vue à la troisième personne utilisant les deux sticks analogiques : l’un pour bouger, l’autre pour diriger la caméra. Le résultat est assez surprenant et on se demande encore pourquoi les développeurs n’y ont pas pensé avant, celle-ci semblant couler de source et se prêter magnifiquement au jeu de cache-cache habituel proposé par un Metal Gear Solid. Il sera bien dur de retourner ensuite aux précédents épisodes ! La fluidité est au rendez-vous, Snake peut aussi désormais progresser en position accroupie (malgré quelques problèmes de courbatures que le principal intéressé n’hésitera pas à montrer au joueur via quelques râles de douleurs), le joueur est donc prêt à en découdre : que l’histoire commence !
Le scénario de Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots est forcément plus appréciable sans aucune révélation. C’est pourquoi il ne sera nullement question ici d’une quelconque explication ou mise en situation. La trame scénaristique est cependant uniquement destinée aux fans et joueurs des précédents jeux. Impossible pour quelqu’un qui découvre l’univers de saisir ne serait-ce qu’un seul dialogue important du jeu sans se poser quelques questions. Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots est, plus que n’importe quel autre opus de la série, totalement indépendant des précédents épisodes. Normal, il en est la conclusion parfaite. Le jeu se découpe en cinq actes d’un opéra des plus sublimement interprétés par une modélisation de personnage mettant en grande valeur tout le beau monde déjà connu, voire même les petits nouveaux. Cinq actes qui, chacun à leur tour, donneront leur lot d’informations, de révélations et de réponses à des questions que tous les fans de la saga se posent. Un système de flash-back rapides à activer avec la touche X au bon moment lors des cinématiques est aussi incorporé. De quoi donner des frissons à tous les nostalgiques !
Dans l’ordre, c’est Sons of Liberty qui commencera à être décrypté par les premières situations, suite directe oblige. Suivi d’un Snake Eater à nouveau expliqué pour les cancres d’une bien jolie façon. Enfin, Metal Gear Solid 1, l’opus le plus abouti à ce jour pour beaucoup de joueurs, se verra largement mis en avant. Ce qui mènera à un final des plus détonants dans lequel rien (personnages, situations, explications) n’est oublié. Un final somptueux qui ne laissera absolument personne indifférent. La frontière entre le cinéma et le jeu vidéo était déjà bien complexe à définir, mais avec Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots, on atteint des sommets en matière de réalisation et d’inspirations de films à grand budget. On n’évitera pas quelques sympathiques clichés inhérents au genre, mais qu’importe, ils font aussi tout le charme des situations. Amateurs de scénarios longs, tortueux et complets, vous en aurez pour votre argent. MGS 4 est une des plus belles créations d’Hideo Kojima, voire la plus aboutie.
Snake est en mauvaise posture. Âgé, légèrement dépressif, il n’en oublie pourtant pas le CQC et ses nombreux talents sur le champ de bataille. Metal Gear Solid 4 est paradoxalement l’épisode qui propose le plus de phases d’action intense alors que tout se joue avec un héros diminué autant au niveau du charisme que de sa force physique. Heureusement, l’OctoCamo, une tenue des plus futuristes, viendra dynamiser les vaillants muscles fatigués de notre héros. Mieux encore, cette combinaison prendra l’apparence de n’importe quelle surface plate. Il est alors facile de se fondre dans le décor en se collant contre un mur et en attendant que le camouflage de l’OctoCamo se calibre sur les couleurs de la paroi. Un joli effet pour une arme stratégique des plus redoutables ! En plus de l’utilisation automatique du camouflage, le joueur peut sauvegarder une dizaine de textures déjà utilisées. Aussi, plus tard dans le jeu, il sera possible de recouvrir la tête de Snake du même genre de technologie. Utile pour augmenter le pourcentage de camouflage, mais aussi pour s’afficher sous d’autres visages. Plusieurs têtes connues seront donc à débloquer pour l’OctoCamo, peut-être même quelques visages cultes…
Je ne suis pas un héros, je ne l’ai jamais été…
Plusieurs autres grandes nouveautés sont proposées dans Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots. Un robot, le MKII, viendra vous épauler pour l’ouverture des portes et la reconnaissance des lieux. Un baril sera présent dans l’inventaire de Solid Snake pour lui permettre de se frayer un chemin à travers une troupe ennemie, tout simplement en se collant à l’intérieur et en roulant. Toutefois, gare au mal de crâne et aux vomissements que cela peut engendrer ! Mais la plus grande des nouveautés, celle qui partagera clairement le public, qu’il soit fan ou non, c’est la présence d’un nouveau personnage : Drebin. Blanchisseur d’armes, ce très charismatique personnage proposera une option des plus confortables : désormais, toutes les armes et toutes les munitions sont accessibles d’une simple pression sur le bouton d’un menu entièrement dédié à l’arsenal. Comme monnaie d’échange, des points sont accordés à chaque ennemi tué ou action spéciale effectuée. Autant dire que se créer un arsenal de guerre dès le début de l’acte 2 est chose aisée ! Les amateurs d’infiltration pure rageront, mais les autres s’en donneront à cœur joie. Mine de rien, personne ne force le joueur à se servir de façon abusive de cette option des plus pratiques. Ainsi, chacun pourra jouer à sa façon, une bonne chose au final.
Graphiquement réussi au niveau des personnages et de leurs animations, MGS 4 pêche cependant énormément au niveau des textures. Faibles, voire souvent moches, celles-ci mettent beaucoup moins en valeur que prévu les nombreux et jolis décors proposés tout au long de l’aventure. Le moteur du jeu souffre légèrement et accuse même quelques ralentissements lors de certaines cinématiques. Un comble qui ne gêne pas vraiment, mais qui reste tout de même assez décevant pour un jeu aussi attendu sur PlayStation 3 ! Reste que le titre n’est pas exempt de scènes somptueusement belles. Parmi les plus beaux passages se trouvent forcément les affrontements contre les Boss, phases mythiques de la saga. Dans MGS 4, c’est les B&B (Beauty & the Beast) que Snake devra affronter. Quatre noms de code pour quatre ennemis qui rappelleront vite quelques souvenirs aux amateurs de la mission Shadow Moses : Crying Wolf, Laughing Octopus, Raging Raven et Screaming Mantis. Chaque boss aura son mode d’attaque, sa faille, sa mort et un peu de background expliqué par codec interposé. Si les affrontements sont dantesques, le terrible manque de profondeur de ces quatre personnages décevra beaucoup les amateurs d’ennemis hauts en couleur.
Metal Gear Solid 4 tient-il toutes ses promesses ? Complètement ! Entièrement destiné aux fans, ce quatrième opus fait honneur au talent de l’équipe d’Hideo Kojima et se révèle être une expérience vidéoludique de premier choix. Les émotions sont nombreuses, les moments de bravoure tout autant. Reste qu’une localisation française réussie n’aurait pas été de trop. En l’état, on fera avec quelques fautes grossières, des traductions très approximatives et un petit tas d’étourderies assez incompréhensibles. Heureusement, le cœur du scénario n’en est pas affecté et tout le monde pourra comprendre de quoi il en retourne. Mais il est encore dommage de s’apercevoir qu’à notre époque, certains studios de localisation ne se donnent toujours pas la peine de traduire correctement les jeux les plus attendus. Enfin, bien que le soft ne soit pas parfait, Snake souffle ses vingt bougies avec grande classe.
Bilan
Qualités et défauts forment un tout de grande classe que seuls les fans des précédents opus pourront aborder sans être totalement mis sur le carreau. Tout est expliqué, du début à la fin de la saga Metal Gear Solid, du début à la fin de l’histoire de Solid Snake. On rit quelquefois, on pleure souvent, grâce à une réalisation d’exception dirigée d’une main de maître par un Hideo Kojima qui fait décidément toujours preuve de génie. D’ailleurs, c’est un fait : on ne ressort pas de Metal Gear Solid 4 indemne. On en ressort triste, mais conquis par une histoire enfin bouclée qui n’a plus aucun secret à nous livrer. Une nouvelle génération de jeux Metal Gear peut enfin débuter…
Les bons points
- Le scénario
- Le gameplay, plus agréable
- Un dépaysement total
- Les cinématiques magnifiquement réalisées
- Des personnages à la modélisation surprenante
- Une bande-son parfaite
- Tout est enfin expliqué !
A améliorer
- Des Boss qui ne feront pas l’unanimité…
- Quelques ralentissements
- Pas vraiment au top graphiquement
- Une localisation française bancale !